France-Venezuela : la démocratie électorale, piège à cons ?
Il y a quelque chose d'amusant à constater que les mêmes qui exigent que l'on reconnaisse et respecte le vote pro-MADURO lors de l'élection pour la Constituante au Venezuela refusent de reconnaître et de respecter le vote pro-MACRON aux dernières élections présidentielles en France. Or, dans l'un et l'autre cas, personne n'a posé un revolver sur la tempe de l'électeur pour l'obliger à choisir tel bulletin plutôt que tel autre. L'électeur français a même voté dans des conditions plus confortables que son alter ego sud-américain puisque la rue n'était pas tous les jours le théâtre d'exactions de l'extrême-droite comme c'est le cas au Venezuela. Les fachos français sont aussi pires idéologiquement parlant que leurs cousins "békés" d'Amérique du Sud et Marine LE PEN a pu brailler tout son saoul, vouer les immigrés les immigrés et les migrants aux gémonies, mais son parti et elle n'avaient les moyens de mettre Paris, Bordeaux ou Lille à feu et à sang. Ce qui est le cas de l'extrême-droite dans les grandes villes vénézuéliennes, depuis trois ans, où des escadrons de la mort agissent en toute impunité : assassinats de sang-froid de militants chavistes, kidnappings, incendies et attaques contre les forces de l'ordre.
Ainsi donc, à partir du moment où l'on considère que la démocratie électorale est le meilleur système politique, il est malhonnête intellectuellement de louer le processus électoral vénézuélien et en même temps, de tenter le décrédibiliser le processus électoral français. Non seulement, c'est malhonnête, mais ce n'est pas logique. En fait, la vraie question est la suivante : en quoi la démocratie électorale à l'occidentale est-elle le meilleur système politique qui soit ? en quoi les pays où ce système n'est pas en vigueur sont-ils moins démocratiques que les autres ? On pense tout de suite à la Chine, en passe de devenir la première puissance économique mondiale, où le choix des candidats à des postes de responsabilité se fait sur la base de l'attachement à certaines valeurs (en l'occurrence du Parti communiste) d'une part et tout particulièrement sur la compétence, de l'autre. On peut trouver ce système anti-démocratique, mais ce qui est sûr, c'est qu'il est impossible à un crétin ou à un semi-analphabète, comme c'est parfois le cas en France (et trop souvent le cas en Martinique, hélas) d'être élu.
La démocratie électorale à l'occidentale n'est pas le parangon de la démocratie. Ce n'est pas l'unité de mesure de toute démocratie. Elle a été imposée aux quatre-cinquièmes de la planète suite à la colonisation du monde par l'Europe, puis par la continuation de cette colonisation, sous la forme de l'impérialisme, par cette Extrême-Europe que sont les Etats-Unis, mais c'est un système très récent dans la longue histoire de l'humanité. De nombreux autres systèmes existent et existeront. Peut-être ne faudrait-il pas trop tarder à les expérimenter dans les pays dits du Sud où la démocratie électorale est presque partout en échec...