UN ENSEIGNANT FRANCAIS INTERDIT L'EMPLOI DU CREOLE DANS UNE ECOLE DE RIVIERE-PILOTE
Avec la mort ou le retrait progressif de nos grands leaders politiques, la Martinique a régressé d'au moins trente ans. Tous les combats menés pour faire reconnaître et respecter notre culture sont désormais bafoués, foulés aux pieds, sans provoquer la moindre réaction des "initil" et "dousinè" qui nous servent de représentants désormais, en particulier au niveau parlementaire.
Témoin ce règlement intérieur d'une école de Rivière-Pilote, que l'on peut consulter au bas du présent article, établi par un enseignant blanc français, qui interdit formellement aux élèves de parler le créole. Par contre, les "ti Neg" de La Jossaud ou de Fougainville doivent s'exprimer en français et même...en anglais !!! Il y a trente ans, cela aurait provoqué un tollé, les syndicats seraient montés au créneau, la presse se serait indignée et la dame aurait été raccompagnée dare-dare à l'aéroport du Lamentin sans même avoir à faire ses valises. Aujourd'hui : motus et bouche cousue.
Le pire est que cette interdiction intervient en plein mois du créole et relève de la provocation au moment même où après la création du CAPES de langues régionales il y a une douzaine d'années, le Ministère de l'Education Nationale vient de créer une Agrégation de langues régionales. "Plus pire", si l'on peut dire : la nouvelle génération d'enseignants ne semble pas choquée du tout par cette provocation car elle aussi fait silence. Encore "plus pire" : cette provocation a lieu à Rivière-Pilote, bastion pendant presqu'un demi-siècle du nationalisme et de l'indépendantisme martiniquais.
La Martinique a vraiment touché le fond. N'importe quel bouseux peut y débarquer et y faire sa loi et cela pas seulement dans l'éducation.
"Colonisation réussie", diagnostiquait Edouard Glissant dès...1981.
