CTM : les chaînes de la honte

Le droit de grève est un droit sacré, obtenu de haute lutte par des décennies de luttes ouvrières à travers le monde, et à ce titre, il mérite d'être défendu et protégé. Mais il a ses limites : le droit pour les non-grévistes d'exprimer, d'une part, leur désaccord et d'autre part, de continuer à pouvoir accéder à leur lieu de travail. Ces deux droits ne sont ni contradictoires ni antagonistes dès l'instant où les uns respectent les droits des autres et inversement.
Le cadenassage d'un lieu de travail, la pose de chaînes sur l'entrée d'un bâtiment, le blocage de l'entrée de ce dernier avec des véhicules (de service en plus !) ne relèvent pas du droit de grève, mais de la tentative de paralysie, de déstabilisation et, dans un pays indépendant, de la tentative de coup d'état. Car il faut regarder la vérité en face : si la Martinique avait été un pays indépendant, ce qui s'est passé ces derniers jours aurait abouti ni plus ni moins l'air à une tentative de contourner par l'usage de la force le résultat d'un scrutin, celui de décembre 2015, qui fut sans appel.
En clair, le PPM-EPMN, sous le motif fallacieux de soutenir les revendications du personnel de la CTM, a cherché à paralyser en sous-main la toute nouvelle collectivité, ce qui est un attentat à la fois contre la Démocratie et contre la Martinique.
Ce comportement de macoutes est d'autant plus inadmissible que bon nombre de problèmes soulevés par les grévistes existaient déjà sous la mandature de Serge LETCHIMY, pendant les 5 ans qu'il a fait à la tête de l'ex-Conseil régional, comme la rappelé avec force une syndicaliste de FO (Force Ouvrière). Ensuite, celui-ci ou ses services n'ont eu de cesse de procéder à des recrutements népotistes ou clientélistes tout en laissant un déficit de 84 millions à la CTM. Malgré tout cela, le Président MARIE-JEANNE s'est montré raisonnable, compréhensif. Magnanime même. Car :
. il n'a pas fait de chasse aux sorcières et ce sont 7 cadres qui ont démissionné de leur propre chef.
. il a avalisé la quasi-totalité des titularisations en cours et renouvelé plus de 80% des contrats en CDD.
Comme "dictateur" ou "conducator" on fait mieux, non ? Dans son message de ce jour, AMJ en appelle à la raison car mettre en route la CTM n'est pas une petite affaire. Cela ne peut se réaliser en un claquement de doigts et Serge LETCHIMY lui-même le savait puisqu'à l'époque où il pensait être sûr de gagner l'élection de décembre 2015, il avait déclaré qu'"il faudrait au moins 6 mois pour faire fonctionner la CTM".
Ces chaînes de la honte n'honorent donc pas le PPM-EPMN. Une fois de plus...